La Truffe (Tuber melanosporum)
Ce 18 février restera à jamais gravé dans nos coeurs et nos têtes. C'est un peu pour nous , de vieux mycologues amateurs, un rêve d'une vie qui s'est réalisé, un peu comme un alpiniste qui réussit à gravir l'Everest.
Pierre et moi allons vous raconter chacun dans nos mots, notre expérience.
Ce matin, 8 heures, nous partons avec notre guide, Michel Santinelli, le président de l'association des trufficulteurs de la région de Provence...donc le guide no. 1 par excellence. Un des grands connaisseurs de truffes de Provence.
Nous ne savions pas trop où nous allions, mais plus nous avancions en voiture, plus nous quittions la ville et montions sur les chemins tortueux et étroits de la montagne, plus notre anxiété montait. Pourtant nous n'étions qu'à une vingtaine de minutes de 4 x 4 de notre appartement de Cagnes. Monsieur Santinelli trouvait que j'étais mal chaussée et moi aussi en voyant la neige et la boue. Mais n'écoutant que mon courage j'étais prête à tout. :-)) On lui a dit que nous venions nous baigner et prendre le soleil à Cagnes-sur-Mer et non gravir une montagne avec de la neige. Ce dernier a justement dit qu'il n'avait pas vu de neige comme ça depuis plus de 20 ans. Il est donc très rare de ramasser des truffes avec de la neige au sol et, cette année, c'est exceptionnel. Mais dans les Alpes, il faut s'attendre à tout et même à cette hauteur, la neige arrive parfois.
Voici le début de la montée avec notre guide et Bella, le chien truffier par excellence, qui vient de gratter le sol pour indiquer à son maître l'endroit où se trouve la truffe.

Bella, le chien truffier vient de diriger son maître vers une première truffe. Michel gratte et creuse donc le sol avec un grattoir en forme de crochet pour dévoiler la cachette de la truffe. Les truffes se cachent à une profondeur variant de 1cm à 20 cm dans le sol.

Tout en escaladant, tombant, et glissant nous pouvions voir des murets du temps des Liguriens et même des Romains. Très impressionnant comme environnement.

Ici, c'est une maison de berger et son muret.

Pierre avec sa première truffe. À l'arrière, vous pouvez voir un peu les montagnes qui nous entourent.

Pierre heureux, mais fatigué. Si vous pensez que le mont Chaudron en Abitibi est haut, alors venez dans les Alpes et vous verrez c'est quoi la montagne. Il faut le voir pour le croire. Il faut dire que les truffes poussent en symbiose avec les chênes et les noisettiers et on en trouve dans les endroits un peu moins montagneux et plus faciles d'accès, mais comme notre guide voulait absolument que nous trouvions des truffes, alors l'endroit choisi est difficile d'accès.

Une partie du paysage. Tout au long de notre montée, je me disais "va falloir redescendre aussi "

Pierre qui continue de monter et monter avec de temps en temps un: "Sacra...ça monte comme dans la face d'un singe". Par bout, nous étions heureux de nous tenir après les genêts et les arbustes de la montagne. Et cette place sur la photo était facile, car à des endroits, nous n'aurions pas pu prendre des photos tellement nous étions presque à 4 pattes.

J'étais tellement heureuse de voir la voiture à notre retour. J'avais les pantalons trempés, le fessier trempé également et mes bas dégoulinaient. Heureusement, j'avais mis dans mes poches une autre paire de bas.
Voici une partie de la récolte à notre retour. Notre guide a dû en prendre 4 ou 5 également. Elles ne sont pas lavées encore...mais une fois brossées et lavées, elles sont vraiment brillantes et appétissantes, comme celles dans le pot en verre plus bas.
Ginette en train de commencer la brouillade en tranchant finement les truffes à la mandoline.

Les truffes râpées

La brouillade en préparation hummmmm... La senteur...l'odeur... le bonheur. Miam...Miam...

La portion réservée à nos enfants pour la première semaine de mars.
PS :Arlette, j'en ai réservé une petite pour nous 4 la semaine prochaine. Elles sont vraiment belles toutes lavées.

Et voici Pierre qui termine le repas, au soleil sur notre balcon
avec un "petit gris" du pays. Elle est pas belle la vie ?

Parlons maintenant de conservation de la truffe. Décevant ! Une truffe fraîche se conserve au frigo pendant une période de 5 à 7 jours, bien emballée dans un sac papier. On ne peut malheureusement sécher la truffe comme on le fait avec les morilles ou les cèpes. La truffe peut se congeler dans un contenant hermétique et conservée bien au congélo pendant un maximum de 6 mois, un peu comme la viande. Ce qui veut donc dire qu'il est impensable que nous ramenions une ou des truffes au Québec. Je voulais mettre des truffes dans l'huile d'olive et rapporter le tout à la maison, mais M. Santinelli nous a déconseillé de le faire étant donné que la truffe va rancir et contaminer l'huile d'olive au lieu de la parfumer. Il faut donc manger les truffes fraîches et nous nous sommes donc sacrifiés pour vous tous en les avalant bien goulûment.
Conclusion: Journée mémorable et inoubliable. Quant au goût des truffes et bien disons que c'est particulier, surtout pour l'odeur. Mais Ginette et moi sommes d'avis que tout ce qui entoure la truffe est surfait et que les prix exagérés doivent correspondre à la rareté et à la difficulté de les trouver, plus que par son goût. Disons aussi qu'un bonne omelette aux morilles ou aux cèpes est toute aussi bonne et beaucoup moins dispendieuse et plus facile à se procurer. Journée fabuleuse qui couronne notre carrière de mycologues et mycophages.
Pierre & Ginette